• Un Scénario figé..

    Dans l'article précédent, nous avions vu que l'Edda poétique et en particulier un des poèmes qui le composait, la völuspá, dépeignait en quelque sorte, une autre réalité liée à la notre.

    Réalité dans laquelle un dieu, Odin, et une géante, la prophétesse, se communiquait dans la scène précédente, le déroulement d'un scénario immuable qui devait se jouer pour les dieux et l'humanité.

    À mon avis, ce scénario est toujours en déroulement, en cours de développement et il n'attend d'ailleurs que d'être poussé dans sa progression.

    Cela peut paraître présomptueux venant d'un quidam du net mais un des objectifs de ce blog sera de montrer que, bien au contraire, ce n'est pas une affirmation péremptoire et même que c'est nécessaire..

    Je vais donc ici m'intéresser à un autre scénario.

    Le gylfaginning, autre poème faisant parti de l'Edda.

    Et dans ce poème, un second évènement qui paraît insignifiant est très à souligner..

    Une querelle au long cours..

    Cette illustration que j'ai pris de wikipédia dépeint une partie du gylfaginning. 

    Petit aparté avant de commencer le coeur de l'article :

    En effet, sur le gylfaginning , il faut préciser qu'il est lui-même issu d'une source différente de celui de la völuspa.

    À savoir, la prose Edda de l'écrivain médiévale Snorri Sturluson, historien du 13ème siècle.

    Il aurait compilé ce recueil quelques siècles après celui du premier poème initiateur de la mythologie nordique, la völuspa, donc.

    Malgré le temps qui sépare ces deux oeuvres, la völuspa de l'Edda poétique et l'Edda de Snorri, ma position est catégorique.

    Je considère à titre personnel l'Edda de Snorri tout aussi valide et complémentaire à la völuspa.

    Pour la simple et bonne raison que ces oeuvres sont étroitement liées et inspirées.

    Je vous montrerai que leurs interprétations s'entremêlent et se connectent en faisant sacrément sens.

    [Également que Snorri si il est bien l'auteur avéré de son Edda 'personnel' était particulièrement bien inspiré de compiler son œuvre..]

    Bref je ferme cette parenthèse pour en revenir au sujet de l'article :

    L'image qu'illuste cet article, nous décrit deux protagonistes.

    À droite, nous avons Tyr, dieu ase de la mythologie nordique. 

    Nous le voyons actuellement sacrifier sa main dans la gueule d'une bête à l'apparence féroce.

    Ce dangereux loup enchaîné n'est autre que Fenrir.

    Je ne vais pas m'attarder plus à raconter le mythe et les raisons qui ont poussés Tyr à sacrifier sa main.

    Le mythe est peu compréhensible si on ne le voit pas à travers un regard neuf.

    C'est pourquoi, je me permets d'aller droit à l'essentiel et d'apporter une contribution que je considère ne pas avoir vu ailleurs.

    Je vous propose de vous poser un instant, d'envisager jusqu'au bout ce que je vais dire et d'essayer de voir si ça raisonne en vous..

    En effet, revenons sur Tyr :

    En regardant sur wikipédia, il est dit de ce dernier qu'il est l'archétype de la guerre, de la justice et du courage, ça tout le monde le comprend.

    Moins évident et souvent laisser de côté est cette information qu'il était l'ancien dieu principal du panthéon indo-européen germanique ou païen(ce qui était connu de Snorri à mon avis, vu qu'il était lui-même historien..).

    Et encore moins évident c'est de faire lien de cause à effets entre cette scène et le fait qu'Odin remplace Tyr comme dieu principal du nouveau panthéon en vigueur, le panthéon nordique civilisé, christianisé..

    C'est très important ce que je viens de dire là.

    Après son sacrifice, Tyr se retrouve en incapacité d'assumer sa position, sa fonction de dieu principal du panthéon germanique païen.

    Désormais considéré comme dieu manchot puisqu'il a perdu sa main dans cette scène et donc l'autorité qu'il incarne, il doit, résigné, laisser sa place à un autre guide ou dieu leader, Odin, ce qui est compréhensible.

    Or nous avons vu dans l'article précédent qu'il était admis qu'Odin représentait entre autre la civilisation, la société, l'esprit et aussi une forme de guerre.

    Autrement dit, pour Snorri, Odin représente la civilisation par le christianisme, là ou Tyr représentait le paganisme, la nature et ces dieux qui ont pris fin lors de la civilisation/christianisation du monde germano-scandinave.

    [Attention, ne me faites pas dire ce que je n'ai pas dit.

    J'expliquerai dans d'autres articles ce que j'entends exactement par christianisme..]

    Cette scène est une allégorie dépeignant cette transition dont a été témoin Snorri pour son époque mais il y a plus encore.

    Tyr dans cette scène sacrifie une de ses mains, ce qui selon moi, symbolise la castration du pouvoir d'agir, du pouvoir de faire conflit, de l'action, de l'acte, ou encore ce qui rend possible d'agir, de faire l'action juste, la guerre juste, la victoire aussi..

    La main peut symboliser l'autorite/la maîtrise également.

    Tout ce que représentait Tyr en somme pour les païens..

    Il en résulte donc que Fenrir immobilise ces facultés de Tyr et empêche donc que guerres juste, conflictualités juste, toute possibilités d'agirs et de maîtrise se fassent.

    Fenrir apparaît ici comme castrateur de victoire, de toutes dynamiques ou possibilités d'actions.

    Ce qui nous amène ici à un peu mieux comprendre le caractère global, emprisonnant de cette bête.

    Fenrir en quelque sorte illustre une puissance qui mute, qui s'adapte constamment.

    Un phénomène sans cesse grandissant, qui n'a pas cessé de croître depuis le début de la civilisation.

    Sauf qu'ici, ce phénomène est une force d'emprise ou encore une anti-force.

    D'ailleurs, ce n'est pas un hasard si wikipédia dit de Fenrir qu'il est un habitant des marais :

    "Dans la mythologie nordique, Fenrir (« habitant des marais »), Fenrisúlfr (« loup de Fenrir ») ou Fenris est un loup gigantesque, fils du dieu Loki[1] et de la géante Angrboda[2], messagère du malheur."

    Source : https://fr.m.wikipedia.org/wiki/Fenrir#

    Quoi de mieux qu'un maréCAGE symbolique pour illuster à merveille ces notions d'emprise, d'immobilisation d'agirs, de captivité ou encore de contrôle..

    C'est pourquoi, je ne peux m'empêcher intuitivement de rapprocher toute ces idées d'un concept clé bien connu de notre époque, à savoir la confusion ou encore le mensonge.

    Il faut donc voir cette scène comme un moment important de l'histoire de l'homme ou à travers ces deux archétypes en interaction sur le plan divin (ou réalité des dieux), lui l'homme païen, 'sauvage', se retrouvait sur terre comme englué dans le 'marais', déposséder du pouvoir d'agir, de faire front, face à cet 'océan' de mensonge, la confusion imagée par la civilisation apportée par la christianisation forcée des terres du nord ou les forces obscures qui ont impulsées ce mouvement ont pris le contrôle de ces terres..

    L'un de ces archétypes ayant pris le pas sur l'autre à savoir Fenrir sur Tyr ou la 'civilisation', la confusion je dirais sur la nature 'sauvage'..

    Le mensonge sur l'action qui rend libre, la vérité ou encore plus simplement le profane sur le sacré..

    Au moment présumé ou Snorri a compilé son Edda et donc ce poème qu'est le gylfaginning, ce dernier nous a laissé un témoignage dépeint par cette scène et qui montre le contexte global de son époque.

    Un contexte toujours d'actualité selon moi et qui a pris de l'ampleur..

    Eh oui, puisque si on se rappelle une des caractéristiques de Fenrir, c'est qu'il ne fait que grossir et grandir dans le mythe..

    À remarquer que dans le mythe, Fenrir apparaît comme une bête qui doute, qui anticipe l'action des dieux qui veulent l'enchaîner de peur qu'il ne devienne incontrôlable.

    Vu qu'il ne cesse de croître et de grandir, justement comme la confusion ou le mensonge qui a commencé son développement en parallèle du début de l'histoire de l'homme bien entendu..

    Et l'anticipation est une forme préventive de contre-action, de contrôle..

    En tout cas, l'archétype de Fenrir que j'ai un peu effleuré ici, est plein de 'mystère'.

    Cette bête de la mythologie nordique n'a pas encore cessée de dévoiler tout ces secrets, secrets qui viendront ultérieurement dans d'autres articles.

     

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